Alicia Birr – Fondatrice de reworlding

26 septembre 2025

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Le langage inclusif, tout le monde a un avis, mais personne ne sait ce que c’est vraiment. 

C’est quoi le langage inclusif ?  

Le langage inclusif c’est une attention particulière à utiliser, à l’écrit comme à l’oral, des mots, des tournures de phrases ou des images qui ne vont pas perpétuer de stéréotypes et qui vont représenter justement toutes les personnes discriminées. En gros, ça veut dire choisir des mots et du vocabulaire qui ne va pas invisibiliser les femmes, mais aussi un vocabulaire précis, par exemple pour parler des handicaps, des identités de genre ou des origines. 

Les principales idées reçues autour du langage inclusif ? 

Alors, il y a une grande idée reçue autour du langage inclusif, ou plutôt une confusion, qui est de dire que langage inclusif et écriture inclusive, c’est la même chose. Et bien, ce n’est pas le cas. D’abord, parce que l’écriture inclusive, comme son nom l’indique, c’est une pratique de l’écrit. Or, moi, j’ai aussi une pratique de l’oral, je parle en inclusif. Et puis, en France, l’écriture inclusive, elle est très associée à un outil qui est le point médian, la ponctuation. Or, on peut tout à fait parler et écrire en inclusif sans jamais l’utiliser. Et enfin, l’écriture inclusive, elle est très associée à la question de l’égalité Femme-Homme. Or, moi j’aime penser le langage inclusif aussi comme un langage précis pour parler des handicaps, des origines, des orientations sexuelles, des identités de genre, et j’en passe. 

Le langage inclusif, pour quels impacts ?  

Il faut bien comprendre que ça fait près de 50 ans que des études scientifiques démontrent l’impact de l’utilisation d’un langage inclusif sur les représentations mentales. Je vais vous donner un exemple. Une directrice marketing poste une offre d’emploi disant « cherche développeur web H/F » et reçoit 10% de candidatures de femmes. Elle poste la même annonce avec un autre titre « cherche développeur ou développeuse web » et là, elle reçoit 30% de candidatures féminines. 

Autre exemple, on a mesuré en langue allemande, qui est très proche du français sur la question du genre, que les femmes se sentaient moins concernées par une publicité qui s’adressait aux entrepreneurs de demain plutôt qu’à une publicité qui s’adressait aux entrepreneurs et entrepreneuses de demain. Preuve que les femmes se sentent plus concernées par une pub qui utilise le genre grammatical qui correspond au genre auquel elles s’identifient. 

Le langage inclusif, c’est compliqué ? 

Ça, c’est presque une autre idée aussi sur le langage inclusif, ce serait difficile à mettre en œuvre. En réalité, quand on regarde la panoplie des méthodes et des outils du langage inclusif, vous n’avez rien à apprendre, vous les manipulez déjà tous au quotidien, sans simplement avoir réalisé que c’étaient des outils du langage inclusif. Par exemple, quand vous dites « Bonjour à toutes et à tous », vous faites des doublets. Quand vous parlez du « personnel soignant » plutôt que « des infirmières et des docteurs », vous utilisez des termes englobants. Donc, ce n’est pas difficile d’acquérir les compétences parce que vous les avez déjà. En revanche, ça demande un petit peu d’entraînement pour sortir de cet automatisme qui consiste à toujours parler au masculin. 

Le langage inclusif, quels défis pour la création publicitaire de demain ?  

C’est vrai qu’on peut considérer que le langage inclusif, c’est une contrainte supplémentaire, que ça prend du temps, et ce n’est pas faux. Mais en création, c’est intéressant de travailler avec des contraintes parce que ça nous permet aussi de sortir de nos rivières de pensée, de nos automatismes. Par exemple, un média faisait une publicité pour encourager à s’abonner où on disait « Seuls nos lecteurs peuvent nous acheter ». Une reformulation inclusive qui évite d’utiliser « lecteur », ça serait : « On ne se vend pas, sauf à notre lectorat ». Et c’est intéressant parce qu’on va travailler sur la musicalité, sur le rythme, sur la rime, et ça, ça peut renforcer l’impact de la publicité. 

Un Positive word pour conclure ? 

Le mot qui me vient c’est celui d’imaginaire parce que la publicité pendant longtemps elle a contribué à renforcer des stéréotypes et à les créer mais elle a aussi le pouvoir de les retourner et de proposer de nouveaux imaginaires. On travaille beaucoup sur la question du visuel et parfois la question du langage est paradoxalement laissée un peu de côté. 

Le langage inclusif c’est aussi un outil qui est à notre disposition tout le temps, gratuitement, qui a de l’impact et qui permet de contribuer à changer les imaginaires. 

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